Alors que Nims Dai bat tous les records de vitesse sur les 8.000 du Népal, Ali Sadpara réussit son ascension du Makalu, Cory Richards fait demi-tour sur sa nouvelle voie à l’Everest. Sur cette même montagne, les summiters se comptent par centaines et les morts et les blessés par dizaines.
Un 6ème 8.000 pour Nims Dai : le Makalu, 8.481 mètres
On vient d’en avoir la confirmation, l’alpiniste népalais Nims Dai a réussi ce matin à 6h heure locale, 2h15 heure française, le Makalu. Un double record pour l’ex-Gurkha et membre des forces spéciales britanniques. En 27 jours, il a gravi 6 sommets de plus de 8.000 mètres : Annapurna, Dhaulagiri, Kangchenjunga, Everest, Lhotse et Makalu. Et plus encore il a enchaîné les trois derniers en seulement 3 jours. Le record précédent pour cet enchainement Everest-Lhotse-Makalu était de 5 jours. Il était détenu par… Nims Dai !
Rien ne semble pouvoir arrêter Nims Dai dans son projet de gravir tous les sommets de 8.000m (il y en a 14) en seulement 7 mois. A aujourd’hui, le meilleurs chrono est supérieur à 7 ans. Le manque de sponsors et de financement pourrait cependant mettre un frein à son programme. La prochaine phase, qui doit commencer dans quelques jours au Pakistan n’est pas encore totalement financée. Dans cette phase qui devrait durer deux mois, il compte affronter les 5 sommets du Karakoram. Notamment les terribles K2 et Nanga Parbat.
Au sommet du Makalu, Nims Dai était aux côtés de Galbjen Sherpa et d’Ali Sadpara ! Ali qui enchaîne les sommets cette saison. Il était au Lhotse le 16 mai dernier. Ce spécialiste des sommets du Karakoram (il les a tous gravis a clairement gagné ses galons au Népal).
Cory Richards et Topo Mena font demi-tour
Ils sont rentrés dans le vif du sujet. Le duo américano-équatorien qui cherche à ouvrir une nouvelle voie en face nord de l’Everest a regagné le camp de base avancé. Après 40 heures dans la voie et un bivouac à 7.300m, les deux hommes ont fait demi-tour à 7.600 mètres ; la descente a été bien plus longue que la montée, tant la paroi est complexe. Les conditions « et la tactique choisie » nous ont fait faire ce demi-tour. « Est-ce un échec ? Au sens strict du terme, c’est évident. Mais c’est surtout un bloc pour construire la suite ». Cory Richards et Esteban Topo Mena pensant à une ultime fenêtre météo début juin mais à ce stade « ils croisent les doigts pour que ça se fasse cette année » ! Leur tentative se fait sans oxygène ni sherpa.
Plus de 800 summiters à l’Everest
Avec quelques 350 prétendants au sommet via les deux versants dans la seule journée d’hier, l’Everest continue de battre des records. Depuis le début de la saison, ce sont près de 800 grimpeurs qui sont allés au sommet. Approximativement une moitié de clients, une moitié de guides ou sherpas.
Encore 3 morts supplémentaires : Total 16.
Hier déjà, le bilan de la saison s’était alourdi et avait atteint le triste chiffre de 13 morts ou disparus. Trois nouvelles personnes s’ajoutent à la liste. Un Indien, Nihal Bagwan, qui s’était senti mal à la descente du sommet de l’Everest. Secouru par un groupe de sherpas au niveau du « Balcon », il avait été escorté jusqu’au camp IV. C’est là, sous la tente, qu’il est mort. Il avait 27 ans.
Un 8ème indien est mort sur le Balcon de l’Everest, une indienne en l’occurrence. Kalpana Das, 49 ans, faisait partie d’une expédition féminine dont elle était leader. Il faut dire qu’elle avait déjà une vraie expérience de l’alpinisme. Elle avait gravi plusieurs sommets en Inde, au Népal et en Europe. Elle avait déjà été au sommet de l’Everest il y a plus de 10 ans, par le versant népalais. Elle est décédée en redescendant du sommet eu nveau du « Balcon ».
Dans le même temps, l’Autrichien Ernst Landgraf s’est éteint au niveau du Second Ressaut, sur le versant tibétain de l’Everest. L’homme, qui revenait du sommet, avait 65 ans.
- Phujung Bhote Sherpa (Népal), Cho Oyu, chute en crevasse à 7.100m.
- Wui Kin Chin (Malaisie), Annapurna, secouru à 7.500m mais décédé à l’hôpital.
- Richard Hidalgo (Pérou), Makalu, mort dans sa tente à 6.500m.
- Biplab Baidya (Inde), Kangchenjunga, Mal des montagnes au Camp IV
- Kuntal Karar (Inde), Kangchenjunga, Mal des montagnes au Camp IV
- Rodrigo Vivanco (Chili), Kangchenjunga, disparu entre sommet et Camp IV
- Narayan Singh (Inde), Makalu, Mal des montagnes à 8.200m
- Ravi Thakar (Inde), Everest, mort dans sa tente à 8.000m
- Seamus Lawless (Irlande), Everest, disparu en chutant en descendant du sommet
- Dipankar Gos (Inde), Makalu, disparu à la descente après le sommet
- Ivan Tomov (Bulgarie), Lhotse, Mal des montagnes sous le Camp IV
- Don Cash (USA), Everest, Épuisement au Ressaut Hillary
- Anjali Kulkarni (Inde), Everest, Mal des montagnes au-dessus du Camp IV
- Nihal Bagwan (Inde), Everest, Mal des montagnes au-dessus du Camp IV
- Kalpana Das (Inde), Everest, Mal des montagnes
- Ernst Landgraf (Autriche), Mal des montagnes au second ressaut
La plupart de ces morts revenaient du sommet et se sont écroulés à la descente. En fin de saison, nous essayerons de mieux comprendre les causes de ces accidents mais le manque d’expérience reviendra sans aucun doute en haut de la liste. Ces montagnes ne sont pas anodines. Oxygène ou pas, elles représentent un effort colossal. Si on s’attarde particulièrement sur les morts, cela ne doit pas occulter les nombreux malades évacués tout au long de la saison. En quelques heures hier, ce sont quelques 30 grimpeurs qui ont été blessés ou se sont trouvés mal sur l’Everest. Une partie d’entre eux ont dû être évacués.
Illustration © Dawa Sherpa